|
Envole moi
Minuit se lève en haut des tours Les voix se taisent et tout devient aveugle et sourd La nuit camoufle pour quelques heures La zone sale et les épaves et la laideur J'ai pas choisi de naître ici Entre l'ignorance et la violence et l'ennui Je m'en sortirai, je me le promets Et s'il le faut, j'emploierai des moyens légaux Envole-moi ... Loin de cette fatalité qui colle à ma peau Envole-moi ... Remplis ma tête d'autres horizons, d'autres mots Envole-moi Pas de question ni rébellion, Règles du jeu fixées mais les dés sont pipés L'hiver est glace, l'été est feu Ici, il n'y a jamais de saison pour être mieux J'ai pas choisi de vivre ici Entre la soumission, la peur ou l'abandon Je m'en sortirai, je te le jure A coup de livres, je franchirai tous ces murs Envole-moi ... Loin de cette fatalité qui colle à ma peau Envole-moi ... Remplis ma tête d'autres horizons, d'autres mots Envole-moi Me laisse pas là, emmène-moi, envole-moi Croiser d'autres yeux qui ne se résignent pas Envole-moi, tire-moi de là Montre-moi ces autres vies que je ne sais pas Envole-moi ... Regarde-moi bien, je ne leur ressemble pas Me laisse pas là, envole-moi Avec ou sans toi, je ne finirai pas comme ça Envole-moi, envole-moi, envole-moi ...
Retour
Nous ne nous parlerons pas
J'ai bien reçu tous vos messages Je vous ai lu page après page Je sais vos hivers et vos matins Et tous ces mots qui vous vont si bien En quelques phrases, en quelques lettres Il me semble si bien vous connaître On écrit bien mieux qu'on ne dit On ose tout ce que la voix bannit Mais vous désirez me rencontrer Et moi, j'ai si peur de tout gâcher Nos confessions, nos complicités Comment garder tout ça sans rien casser Nous ne nous parlerons pas Nous oublierons nos voix Nous nous dirons en silence L'essentiel et l'importance Utilisons nos regards Pour comprendre et savoir Et le goût de notre peau Plus loquace que des mots Nos bras ne tricheront pas Nos mains ne mentiront pas Mais surtout, ne parlons pas Je connais un endroit charmant Très à la mode et très bruyant De ces endroits où les solitudes Se multiplient dans la multitude On n'a qu'une envie, c'est d'en sortir Vous n'aurez besoin que d'un sourire Je comprendrai qu'il est déjà tard Nous irons boire un verre autre part Nous ne nous parlerons pas ...
Retour
Plus fort
On veut des trucs nouveaux pour aller plus haut. Et des super machins qui nous mènent plus loin. On veut du neuf et du chic pour aller plus vite. Avec plus de confort et beaucoup moins d'effort. Après tout, nous sommes le marché Nous avons le droit d'exiger Et nous sommes majoritaires Et vous devez nous satisfaire. Plus fort, plus fort Encore, encore et toujours encore. Plus fort, plus fort Pour nos sens et nos ventres et nos corps. Plus fort, plus fort Plus grand, plus gros, plus vite et plus fort. On veut des grands desseins faciles à dessiner. Des lendemains qui chantent sans avoir à chanter. On veut plus de savoir et bien moins de leçons. Les droits sans les devoirs, le reste sans un rond. Après tout, nous sommes le marché Nous avons le droit d'exiger Oui, nous sommes l'électorat Et nous avons donc tous les droits.
Retour
Petite fille
Petite fille de novembre Si blanche dans la nuit de cendre Trouble adolescente en sursis Comme un phare en mon amnésie D'autres désirs et d'autres lois Une confiance en je ne sais quoi Philosophie, "prêt-à-porter" Vite consommée, puis jetée Petite fille, à quoi tu rêves Devant ton siècle qui se lève Même s'il te reste un peu d'amour Ça risque de pas peser lourd Petite fille, à quoi tu penses Entre un flash et deux pas de danse Tous les flambeaux manquent de feu Leurs flammes réchauffent si peu Il n'y a pas de suicide au Sahel Pas de psychiatre en plein désert Pas d'overdose à Kinshasa Réponse ou questions? Je sais pas Pour bâtir, il fallait des mains Des bras, des muscles masculins Pour l'amour et l'imaginaire C'est peut-être affaire de mères Petite fille, à quoi tu rêves Y'a tant de baudruches qui crèvent y'a tant d'idées vieilles et froissées C'est le moment d'imaginer Petite fille, à quoi tu penses Entre un plaisir et deux romances Va puiser d'autres solutions J'ai besoin d'une transfusion Petite fille, à quoi tu rêves Un siècle étrange se réveille Même s'il te reste un peu d'amour Ça risque de pas peser lourd Petite fille, à quoi tu penses Entre un flash et deux pas de danse Tous les flambeaux manquent de feu Leurs flammes réchauffent si peu Petite fille inconséquence Entre deux tempos qui balancent Est-ce une présence, une absence ? Est-ce blessure, est-ce naissance ? Petite fille malentendu Petite fille ambiguë Même si tu as perdu la mémoire Garde nous juste un peu d'espoir
Retour
Dors, bébé, dors
Dors, bébé, dors Bébé, dors, il pleut dehors Dors encore Il n'est pas tard et le matin S'est perdu sur son chemin Il nous reste quelques heures Avant que la nuit ne meure Dors, mon amour, dors Mon amour, dors, il pleut dehors Dors encore Il n'est pas tout à fait demain Rien ne presse ce matin Il nous reste quelques heures De quiétude et de tiédeur Et moi, j'écoute les bruits de vos silences Dans notre ilôt de chaleur et de confiance Quand le soleil sera là, vous partirez Parce que c'est comme ça Autre part, autres combats, D'autres que je n'connais pas, Et je guetterai vos pas Dors, bébé, dors Bébé, dors, il pleut dehors Dors encore C'est tout juste l'aube et demain paresse un peu ce matin Et moi, pendant que je veille Je surveille vos sommeils Si vous saviez comme vos sommeils Veillent sur mes trop longues veilles
Retour
Je chante pour ça
Parce qu'un jour John a écrit "because" Parce que tout tangue tant quand on cause Parce que tes yeux sonnent comme un do dièse Et que ça swingue quand le jour s'achève Parce que la terre est au-dessous du ciel Pas au-delà que ça nous plaise ou pas Parce que les notes sont belles et rebelles Un peu de tout ça, Un p'tit peu de voix, Un p'tit peu d'émoi, et 1, 2, 3. Je chante pour ça Ces mots, ces airs-là, Naissent dans ma tête, au bout de mes doigts Un peu pour toutes ces raisons-là, Je chante pour ça Pourquoi? Je sais pas Peut-être un peu à cause de tout ça Et tout ce que je ne comprends pas. Parce que désespoir pour désespoir Autant noyer tout ça dans le caviar Parce que l'amour nous trahit chaque fois Autant le faire dans des draps de soie, Parce que les dingos, les vrais marginaux, Sont dans les palaces, pas dans les ghettos, Parce qu'on est cuit et qu'on croit quand même, Le temps d'un regard, Le temps d'un panard, Le temps d'un je t'aime, Ou d'un poème.
Retour
Encore un matin
Encore un matin, Un matin pour rien Une argile au creux de mes mains Encore un matin Sans raison, ni fin Si rien ne trace son chemin Matin pour donner ou bien matin pour prendre Pour oublier ou pour apprendre Matin pour aimer, maudire ou mépriser Laisser tomber ou résister Encore un matin Qui cherche et qui doute Matin perdu cherche une route Encore un matin Du pire ou du mieux À éteindre ou mettre le feu Un matin, ça ne sert à rien Un matin Sans un coup de main Ce matin C'est le mien, c'est le tien Un matin de rien Pour en faire Un rêve plus loin Encore un matin Ou juge ou coupable Ou bien victime ou bien capable Encore un matin, ami, ennemi, Entre la raison et l'envie Matin pour agir ou attendre la chance Ou bousculer les évidences Matin innocence, matin intelligence C'est toi qui décide du sens Un matin, ça ne sert à rien ...
Retour
Long is the road (Américain)
Au-delà de nos vents, passée notre frontière Dans ces pays soleil de sable et de pierre Là où malgré les croix et malgré les prières Les dieux ont oublié ces maudites terres Dans sa pauvre valise, ses maigres affaires Une histoire banale d'homme et de misère Il tient dans sa chemise ses ultimes richesses Ses deux bras courageux, sa rude jeunesse Et tout contre sa peau comme un trésor inca Son nom sur un visa pour les USA But Long is the road Hard is the way Heavy my load But deep is my faith Long is the road Sur des highways sixty one, l'ombre d'un Zimmermann Dix trains de losers pour un Rockfeller Brûler sa peau pour être un Battling Joe Quand chaque espoir se décline en dollars Jusqu'aux bannières où les stars s'affichent Sous les lumières tout est blanc, propre et riche Du "jeudi noir" jusqu'aux bleus de John Ford Dans chaque histoire se cache un chercheur d'or
Retour
Ton autre chemin
D'aussi loin que je me souvienne, Bribes d'enfance, bouts de scène, Tes yeux, ton visage et ta main dans ma main, Et nos pas sur le même chemin. Oh nous n'étions pas très bavards, Un peu bizzares, un peu à part, J'aimais tes silences et tu aimais les miens, Muets, nous nous entendions bien. Tu étais un peu différent, Et moi, je n'étais pas comme eux, Un peu méprisants pour tous leurs jeux d'enfant, Nous pleurions les yeux dans les yeux. J'ai reçu tes premiers poèmes, Comme on berce de quelques mots, Nos rires étaient rires et nos peines étaient peines, Chacun touchant l'autre en écho. Je t'ai joué mes premières notes, Tu écoutais les yeux mi-clos, Simples et malhabiles, un peu fausses, un peu sottes, Mais je n'entendais que tes bravos, En saluant devant le piano. On a commencé à se perdre de vue à l'adolescence, Je te trouvais un peu trop austère, Un peu trop sérieux, un peu trop secret. Moi, j'avais besoin de musique, de lumière, Et de futilité. Et aussi des autres. Ton amitié était exigeante, entière, exclusive, Et puis, tu as commencé à être absent, Souvent, puis plus longtemps. Ta mère nous disait que tu partais en vacances, Elle ne mentait pas quand j'y repense, En vacance d'envie, en vacance de vie, Et puis la vérité, celle qu'on suppose, Celle qu'on cache, celle qu'on chuchotte, Celle qui dérange, celle qu'on élude, Ton autre chemin. Dis-moi les voix, les envies qui te mènent Dis-moi les vents, les courants qui t'entraînent Les idées fixes et les clous qui te rivent. En quelles errances, immobiles dérives, Dis-moi les songes qui frappent à ta porte, Les illusions, les diables qui t'emportent, Vers quel ailleurs, mirage sans angoisse, Sans temps perdu, sans seconde qui passe. A quoi tu penses quand revient le soir? Tes quatre murs renferment quels espoirs? Que doit-on lire dans ton sourire idiot? D'autres désirs, sans parole, sans mot? Montre-moi ton autre chemin Décris-moi ton autre chemin Dis-moi tes signes et dis-moi ton langage. Les horizons des barreaux de ta cage, Vois-tu le blanc, le bleu ciel et le rose, Que vois-tu quand tes paupières se closent. Et puis, me voilà te parlant de ma vie, De son niveau, ses ennuis, ses envies, Sa course vaine et mon manque d'amis. A tes yeux vides, ton absence ahurie.